Nous remercions notre collègue Christa Calpini pour sa réaction et c’est avec plaisir que nous publions sa lettre de lectrice au journal « 24 heures ».
« Les grandes surfaces lorgnent le pactole des médicaments en vente libre » (« 24 heures »du 6 août 2018)
Le fait que les grands distributeurs s’intéressent à vendre les médicaments que la population peut se procurer sans ordonnance médicale n’est pas nouveau. Le porte-parole de Migros, Mme Lisa Asticher, affirme que le géant orange souhaite que les produits thérapeutiques non problématiques puissent être distribués librement dans les supermarchés. Parmi les médicaments cités, on trouve des stimulants cardiovasculaires à l’aubépine, au ginseng ou au ginkgo. Décidément, elle et moi n’avons pas fait les mêmes études.
Mme Asticher précise en effet que ces produits peuvent être utilisés en automédication sans danger. C’est faux. Les personnes qui prennent des médicaments anticoagulants (fluidifiants du sang) doivent s’abstenir de consommer des produits à base de ginkgo : des cas de saignements spontanés ont été signalés. Pour la même raison, il est recommandé de cesser la prise de ginkgo trois ou quatre jours avant une intervention chirurgicale. Et ce n’est pas tout, les extraits de ginkgo interagissent potentiellement avec de nombreux médicaments tels l’aspirine (risque de saignement), les antiépileptiques (risque de convulsions), les diurétiques (risque d’hypertension artérielle) … et j’en passe. Les médicaments ne sont pas de banales marchandises avec lesquelles on peut faire du 3 pour 2. Les lois du marché ne s’appliquent pas puisque le devoir est de « vendre juste » et non de « vendre plus ». Puissent nos autorités s’en souvenir!
Christa Calpini, pharmacienne, Vevey
