Nous reproduisons aujourd’hui à l’attention de nos lecteurs un article de l’économiste de la santé Puis Gyger, paru le 13 septembre sur medinside.ch.
Lien vers l’article :
https://www.medinside.ch/de/post/bei-den-margen-sind-auslandvergleiche-unsinn
On parle actuellement beaucoup des prix et des marges excessifs des médicaments. Selon Pius Gyger, se référer à des valeurs étrangères pour la fixation des marges des médicaments à prix administré est un non-sens économique.
Dans l’assurance de base, les prestations de santé sont rémunérées soit selon des tarifs officiellement approuvés, soit selon des prix fixés par l’état. Ceux-ci doivent être définis de manière à assurer de bons soins de santé, tout en les dispensant simultanément avec efficience. Dans ce cadre, des procédures simulant une concurrence fonctionnelle sont utilisées comme mesure auxiliaire pour la détermination d’un objectif d’efficience.
Les prix des médicaments sont comparés entre pays
Dans le cas des médicaments originaux, par exemple, des comparaisons sont faites avec les prix pratiqués à l’étranger, sur la base desquels les prix sont négociés en Suisse. L’idée de base est simple : bien que la valeur ajoutée de la production se trouve dans le pays de fabrication, les médicaments font l’objet d’un commerce international et, par conséquent, les prix de produits identiques sont également comparables entre pays.
Les comparaisons internationales ne sont pas applicables aux prestations médicales
L’instrument de la comparaison avec l’étranger n’est pas appliqué en ce qui concerne les autres prestations du domaine de la santé. Comme par exemple les tarifs des médecins, des hôpitaux et des physiothérapeutes ou la rémunération des chiropraticiens et des diététiciens.
Il y a une raison à cela. Ces prestations ne sont pas commercialisables internationalement car elles doivent être fournies localement, à savoir en Suisse. La création de valeur a obligatoirement lieu dans le pays même. Il n’existe par conséquent aucune pression concurrentielle efficace provenant de l’étranger. C’est pourquoi personne n’a encore sérieusement eu l’idée de dériver les tarifs hospitaliers ou médicaux en Suisse de ceux pratiqués à l’étranger.
Economie de la comparaison avec l’étranger
Il en va de même pour la distribution et la remise de médicaments. De la livraison aux pharmacies et aux cabinets médicaux jusqu’au conseil et à la remise au patient, tout se déroule inévitablement en Suisse. Ces prestations ne sont donc pas négociables à l’international, car elles doivent impérativement être fournies aux conditions suisses.
Les patients reçoivent leurs médicaments à proximité de leur domicile et toute la valeur ajoutée est générée à l’intérieur du pays. Une tarification basée sur des données internationales de services qui ne peuvent pas faire l’objet d’échanges internationaux et qui doivent inévitablement être fournis localement manque donc de logique économique et serait une absurdité réglementaire.
Alimentées par le surveillant des prix
Les discussions actuelles sur les marges des médicaments sont notamment alimentées par les assureurs et le surveillant des prix. Ils communiquent régulièrement sur des marges élevées en comparaison internationale. Et ils négligent le fait que, selon les bases légales, cette rémunération doit assurer à l’intérieur de la Suisse un approvisionnement efficace et de haute qualité.
C’est notamment sur la base de ces accusations scandaleuses et récurrentes que le Département fédéral de l’intérieur s’emploie maintenant à redéfinir les marges sur les médicaments. Ceci dans le but de réaliser des économies, comme l’exigent les assureurs et le surveillant des prix.
Conclusion
L’utilisation de données étrangères pour la fixation de la marge destinée aux services de distribution et d’approvisionnement en médicaments à prix administré est un non-sens économique. Avec des marges sur les médicaments similaires à celles de l’étranger, la distribution des médicaments des grossistes aux pharmacies et aux médecins ne pourrait en aucun cas être réalisée. Il reste à espérer que le Département fédéral de l’intérieur ne sera pas induit en erreur par les différents acteurs du système de santé qui souhaitent mener une pure politique d’épargne, indépendamment des prestations fournies.