La théorie des «fausses incitations» a la vie dure! Selon une opinion très répandue, le pharmacien gagne plus s’il vend des médicaments plus chers.
La marge du pharmacien se compose d’une part fixe et d’une part en pourcentage. La part fixe est la même pour tous les médicaments d’une même classe de prix. Si fausse incitation il y a, elle concerne donc la marge en pourcentage. Mais apparemment personne ne se donne la peine de faire le calcul!
Supposons qu’un pharmacien achète un médicament au prix de 50 francs. La marge en pourcentage s’élève à 6 francs, montant qu’il doit se partager avec le grossiste. Il reste alors 3 francs au pharmacien.
Imaginons qu’il vende un médicament dont le prix d’achat est de 75 francs (50 pour cent plus cher!). En appliquant le même calcul, sa marge est de 4.50 francs, soit 1.50 franc de plus. Jusqu’ici rien à redire.
Cette comparaison n’est toutefois pas réaliste et certainement pas la règle, car on ne trouve pas sur le marché de médicaments comparables et interchangeables ayant une différence de prix de 50 pour cent. S’agissant des génériques par exemple, la différence de prix se situe entre 20 et 30 pour cent. En refaisant notre calcul, la fausse incitation si souvent dénoncée se monte alors à 90 centimes.
Conclusion: la fausse incitation est de l’ordre de quelques centimes. Pour une vraie fausse incitation, il faudrait que le pharmacien sélectionne un médicament comparable nettement plus cher, puis qu’il l’explique au patient, etc. Parler d’une fausse incitation est donc ici tout à fait déplacé.
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